II. Soirée de la Princesse Caelia

Charles avait rapidement retrouvé Caelia, elle n'était pas partie bien loin. Comme il s'en était douté, elle tenta de prendre la fuite dès qu'elle le vit mais manque de chance pour elle, cela lui fut impossible. Alors qu'elle s'acharnait sur l'ouverture de la fenêtre, le jeune homme s'approcha d'elle et posa sa main sur sa fine épaule afin d'arrêter sa vaine tentative.

"Fuir n'est pas la meilleure solution. Je souhaitais seulement que tu comprennes ma situation mais je me suis rendu compte que je n'avais pas employé les bons mots."

Charles prit la princesse dans ses bras qui tenta de se débattre dans un premier temps mais le jeune anglais n'avait certainement pas l'intention de la lâcher tant qu'elle ne serait pas apaisée.

"J'espère que tu ne regrettes pas de me faire partir car je serais bien embêté de te savoir avec un tel état d'esprit durant mon absence."

Humant le parfum délicat de Caelia, Charles tenta de graver cet arôme dans sa mémoire afin de l'avoir dans un recoin de son impressionnante mémoire lorsqu'il serait loin d'elle, de l'autre cote de la frontière, ligne imaginaire crée par l'homme.

II. Soirée de la Princesse Caelia - Page 5 Caelia

Prisonnière des bras de Charles, Caelia commença par se débattre, cherchant par tous les moyens de s'échapper. Mais comme celui-ci n'avait pas l'intention de la laisser partir, la jeune fille se mit alors à taper de ses petits poings menus sur le torse du jeune homme.

"Je te déteste Charles Ashworth ou Vezziano…Peu importe ton nom en somme. Peu importe qui tu es et ce que tu comptes faire ! "

Et aussi vite que son emportement était venu, il partit, laissant la jeune femme quelque peu essoufflée. Elle plongea dès lors son regard brûlant de colère dans celui de son compagnon.

"Comme je me délecte de te savoir dans peu de temps loin de moi. Oh non, je ne regrette pas de te savoir loin d'ici. Pourquoi le serai-je ? Ne te prend donc pas la tête mon cher, tu risquerais un disfonctionnement et ton cher petit papa ne serait pas content mais content du tout contre la Famille Royale d'Aden…"

Peu importait à Caelia de blesser Charles. L'important pour le moment était de lui faire autant mal qu'il lui avait fait. Certes, cela n'avait pas été voulu de la part du jeune homme mais la jeune fille n'avait rien entendu. Car lorsqu'elle se mettait en colère, celle-ci avait l'immense particularité de devenir sourde et de se transformer en une véritable tigresse. Personne encore, n'avait réussit à la calmer instantanément. Son père avait renoncé depuis bien longtemps.

Charles écoutait patiemment la complainte de Caelia, encaissant tout ce qu'elle lui balançait dans le but de le blesser. Mais il demeurait serein et attendait qu'elle finisse par se calmer. Avec une telle proximité, il aurait volontiers embrassé sa peau et goûté à ses lèvres mais il se maîtrisait terriblement afin de ne pas prendre le risque de se déconcentrer. Charles était une personne prudence, et bien plus encore lorsqu'il s'agissait de relations humaine.

"Je ne laisserai jamais les Vezziano s'en prendre à Aden. Il en est absolument hors de question."

Charles avait déclaré cela avec beaucoup de sérieux et de conviction. Il y avait déjà bien évidemment pense et ne quitterait pas Venise sans en être assuré. Son regard perçant en était plus que convaincant. Catherine Ashworth, surnommée Kate, avait également un regard très communicateur de ses pensée. Son fils n'avait pas besoin qu'elle éleve la voix quand elle de voulait le gronder. Il lui suffisait de regarder ses yeux pour savoir qu'elle n'était pas contente de lui.

"N'est-ce pas toi qui souhaitais que je sois libre de mes chaînes? Pensais-tu que j'aurais refusé de partir? Où l'aurais-tu préféré? Comme tu le sais, je n'ai pas de véritable volonté propre. J'ai toujours fait ce qu'on m'ordonnait de faire. Mais de tels mots comme avoir hâte de mon départ, tu ne les penses pas et si nous nous séparons ce soir dans cet état d'esprit, tu le vivras probablement très mal."

Charles ne souhaitait rien de plus que Caelia se calme et ait les pensées plus claires. Si cette journée devait être la dernière à ses cotes, il espérait qu'elle se déroule bien. Il aurait peut-être tout aussi bien pu éviter de lui parler aussi franchement dans l'antichambre mais il ne pouvait se résoudre à lui demander de l'excuser pour n'avoir fait que dire la vérité.

Caelia détourna alors son regard et se mit à fixer un point autre que ce qui se présentait sous ses yeux. Les lèvres résolument pincées, elle attendait dès lors qu'il la lâche. Sa colère couvait encore lorsqu'il recula d'un pas. La tête haute, ne cherchant plus à s'enfuir, la jeune femme alla s'asseoir dans un fauteuil à oreilles en noyer massif. Une pure merveille du XVIII eme mais elle n'en n'avait cure. Ses longs doigts tapotaient les accoudoirs en signe d'exaspération.

Cinq minutes passèrent, puis dix et au bout d'une demi-heure de silence, elle prit finalement la parole.

"Il est vrai que je désire que tu sois libéré de tes chaînes, quoi de plus normal. Simplement, tu le fais seulement parce que je l'ai ordonné. Quand l'aurais-tu fait si je n'avais rien émis ? Et aussi, est-ce si raisonnable pour toi de le faire puisque tu considères ça comme…Attends, quel mot as-tu utilisé ? Ah oui…Trahison."

Caelia décroisa et recroisa ses jambes, jetant sur lui un regard sans aucune émotion.

"Si pour toi, tout ne sera que trahison et ce, même dans le futur, je t'arrête de suite…ne fais rien. Je n'ai surtout pas envie de me sentir coupable pour ta liberté."

Assise ainsi, dans ce fauteuil rouge, habillée de blanc, elle ressemblait à ces Reines que l'on trouvait dans les livres pour enfants. Belles à faire damné un saint. Flamboyante et terrifiante. Mais dans les comtes, seul un fou affrontait la reine, les autres mourraient.

Nullement impressionné par l'image imposante que donnait Caelia, Charles se pencha vers elle en appuyant les mains sur les deux accoudoirs de la chaise sur laquelle elle était installée. Très près l'un de l'autre, leurs visages s'effleuraient presque et Charles adressa à la princesse un regard envoûtant, de ceux qui vous font littéralement fondre. Puis un bref sourire se dessina au coin de ses lèvres.

"Cesse donc de faire l'enfant."

Caelia voulait absolument avoir le dernier mot et Charles jugeait qu'il était inutile de s'étendre davantage sur un sujet peu réconfortant et à l'avenir incertain.

"Je suis très épris de toi, bien plus selon moi que je ne parvienne à l'exprimer. Qu'as-tu besoin de plus? Vezziano ou pas, rien ne changera cela, jamais."

Le jeune homme se redressa et se promena dans la pièce. Elle avait l'air de ne pas avoir été visitée depuis longtemps, seules leurs empreintes demeuraient sans la poussière répandue sur le sol.